Habiter avec des œuvres originales
Les artistes des Roches
Fidèle à la mémoire du lien essentiel avec l’histoire de l’art de cette partie de la côte d’Azur qui subjugua par sa beauté et sa lumière les peintres post-impressionnistes (Signac, Seurat, ou Cross et Van Rysselbergh qui s’installèrent au Lavandou), l’hôtel les Roches expose dans ses espaces une collection d’œuvres originales de grands artistes contemporains. De l’accueil à la réception, des suites au préau de la piscine, du toit végétalisé au jardin, l’hôtel est aussi un petit musée sur la mer. Pour goûter l’art de vivre avec l’art, venez habiter avec les plus belles œuvres de Michelangelo Pistoletto, Ma Desheng, Loris Cecchini, Maki Ohkojima, Jean-Daniel Lorieux, Romain Barré, Vladimir Zbynovsky…
Maki Ohkojima, réalisation sur-mesure d’un fresque en 2023 pour l’hôtel.
Maki Ohkojima, réalisation sur-mesure d’un fresque en 2023 pour l’hôtel.
NAGISA by Maki Ohkojima
« Au Japon, la région frontalière où la mer et la terre se rencontrent est appelée « NAGISA ». En tant que peuple soutenu par les bénédictions de la mer et de la terre, nous sommes le peuple de « NAGISA ». Au Japon, les baleines ont longtemps été des objets de culte en tant que messagers reliant la mer et la terre. Les carcasses de baleines qui s'échouent sur la plage sont appelées « EBISU » et étaient considérées comme des symboles de régénération, apportant richesse et bonheur. D'ailleurs, les hôtels sont aussi des zones frontières où les gens vont et viennent du monde entier. Cette fois, j'ai peint des baleines, des coraux et des céramiques de chimères inspirées des mythologies du monde entier sur les murs de ce magnifique hôtel qui fait face à « NAGISA ». Les coraux sont également des êtres mystérieux. Ils sont à la fois des animaux et des plantes, et deviennent parfois des formations géographiques, formant la base des écosystèmes marins. Dans les yeux de la baleine qui flotte dans « NAGISA », j'ai incrusté des embryons de céramique. La forme de ces embryons, quelques semaines après la fécondation, condense l'histoire de la vie évoluant vers les poissons, les amphibiens et les mammifères. La composition du liquide amniotique des mammifères serait très proche de celle de l'ancienne eau de mer. Nous, qui vivons sur la terre ferme, portons toujours l'océan dans notre corps. En 2017, lorsque j'étais à bord du navire d'expédition TARA, j'ai vu la carcasse d'une baleine blanche dans l'océan Pacifique. D'innombrables oiseaux et poissons grouillaient autour de la carcasse, dévorant la chair. La vie de la baleine se dissolvait dans la mer. C'est comme une « soupe de vie », ai-je dit.
Ma Desheng : les rochers, « Êtres de pierre »
Ma Desheng : les rochers, « Êtres de pierre »
Ma Desheng les rochers, « Êtres de pierre »
Né en 1952 à Pékin, Ma Desheng est membre fondateur des Etoiles, premier mouvement artistique contemporain de Chine créé en 1979 aux côtés d’Ai Weiwei, Huang Rui et Wang Keping. Son œuvre figure dans de nombreuses collections publiques telles que le British Museum, le Centre Pompidou – le musée national français possède plus de 70 de ses œuvres et lui a consacré une exposition en 2022– ou le M+ Museum (Hong Kong). Toute la recherche artistique de Ma Desheng se fonde sur la philosophie taoïste et le "souffle vital" - le Qi -, énergie porteuse d’espoir et langage universel. Depuis les années 1980, l’artiste travaille particulièrement sur le thème de l’élément minéral des roches, « êtres de pierre » qui marquent sa série signature de tableaux de rochers. Des pierres qui semblent parfois de véritables sculptures vivantes, excroissances organiques du corps de la terre. « Les pierres sont très vivantes, explique Ma Desheng. Si la planète explose, tous les êtres vivants disparaîtront, mais pas les pierres ». L’œuvre de Ma Desheng porte en elle une vision biomorphique de ces pierres « vivantes ». On ne peut s’empêcher en effet de percevoir dans ces rochers peints ou sculptés des figures vivantes, voire humaines. L’œuvre de Ma Desheng dans son ensemble porte principalement sur deux sujets : la femme, et le rocher. Deux thèmes qui se confondent dans nombre de ses œuvres. La pratique artistique de Ma Desheng rappelle aussi la tradition historique des « rochers de lettrés ». Dans la mythologie chinoise, le rocher est un noyau d’énergie particulièrement puissant, que le poète du Xième siècle Guo Xi appelle les « os du ciel et de la terre » pour insister sur la dimension tellurique et cosmique de ces roches.
Michelangelo Pistoletto Vortice-dittico, 2013 Miroir noir et argent, bois doré
Michelangelo Pistoletto : Vortice-dittico
Présenté dans le hall d’accueil de l’hôtel, Vortice-dittico est un diptyque de tableaux-miroirs caractéristiques de l’œuvre de Pistoletto. Michelangelo Pistoletto, né à Biella (Italie) en 1933, est une des figures majeures de l’ Arte Povera, le grand courant artistique italien de la seconde moitié du XXème siècle. Dans les années 1960, il entame ses peintures sur miroir, fondement de la production artistique et de la pensée théorique d’une œuvre traversée par la question du réel et de sa représentation. En 2003, il remporte le lion d’or de la Biennale d’art de Venise pour l’ensemble de sa carrière. Son œuvre fait partie des collections du MoMA (New York), de la Tate (Londres), du Centre Pompidou (Paris), du Museo Reina Sofía (Madrid) ou de la National Gallery of Art de (Washington DC). En 2013, Le Louvre lui consacre une exposition personnelle Michelangelo Pistoletto, année 1 – le paradis sur terre. En 2015, il réalise une œuvre monumentale, Rebirth, dans le parc du Palais des Nations Unies à Genève. En 2023, il expose au Louvre Abu Dhabi un ensemble de tableaux-miroirs.
Jean-Daniel Lorieux "Solaire", exposition de photographies
Jean-Daniel Lorieux : Solaire, exposition de photographies
Un photographe solaire, pour une œuvre en forme d’hymne à la vie. C’est naturellement dans les espaces temps les plus ensoleillés que l’œuvre de Jean-Daniel Lorieux, un des plus grands noms vivants de la photographie de mode, s’est le plus épanouie. La méditerranée est ainsi l’un des lieux privilégiés de Jean-Daniel, cannois de cœur, qui aura réalisé sans doute plus de prises de vue sur la côte d’azur que nulle part ailleurs. Caraïbes, désert marocain, montagnes de sel, Californie, tous les décors qui peuvent lui fournir ce ciel bleu électrisé de soleil qu’il affectionne, sont les bienvenus. Car tel semble être le principe fondamental de cette photographie : révéler des personnages et des situations à la lumière du soleil le plus vibrant. Sous le soleil exactement : voilà un titre générique - clin d’œil à la chanson de Serge Gainsbourg pour Anna Karina- que pourrait adopter l’œuvre photographié de Jean-Daniel Lorieux. L’hôtel Les Roches expose une sélection de photographies iconiques de Lorieux, dont la carrière artistique se poursuit depuis plus de soixante années. Ses photographies sont collectionnées dans le monde entier et font partie de collections publiques prestigieuses telle celle de la Maison Européenne de la photographie (Paris). Plusieurs grandes signatures ont déjà écrit sur cette œuvre, comme les académiciens Marc Lambron ou Jean-Marie Rouart. Un nouveau livre monographique sur Lorieux, Solaire, est à paraître cet été 2024 chez Michel Lafon, en parallèle à une exposition organisée par le Musée Fragonard.
Vladimir Zbynovsky : Capteurs, 2024
Vladimir Zbynovsky : Capteurs, 2024
Vladimir Zbynovsky : Capteurs, 2024
Sur le toit du restaurant, jardin zen suspendu, le sculpteur Vladimir Zbynovsky a installé cinq de ses « Capteurs », sculptures de pierre et de quartz qui s’animent à la lumière du soleil et subliment la perception du paysage marin. Construit sur un site de rochers et de lumière, l’hôtel Les Roches a trouvé avec ces œuvres d’art spécialement réalisées pour le site une véritable synthèse artistique de son identité. L’artiste a sélectionné des pierres dans les carrières voisines de Bormes. Son verre, obtenu par la fusion d’un sable siliceux avec du carbonate de sodium ou de potassium, est comme une mutation de la roche, un mouvement de la pierre qui peut recevoir toute la lumière. La démarche du sculpteur consiste à choisir le verre optique pour illuminer la pierre d’une proche clarté. Support au rêve et à la méditation, ces œuvres de pierre et de lumière interroge par leurs miroitements magiques un certain caractère sacré des éléments. Exposé dans de nombreux lieux d’art contemporain, dont le domaine de Chaumont sur Loire, Vladimir Zbynovsky, né à Bratislava en 1964, est aussi l’auteur du nouvel autel de la Basilique des Rois de France de Saint-Denis, inauguré en 2018. La poétesse Chantal Golovine écrit à son propos : « Comment se confronter à l’aveuglante proximité du réel ? Vladimir Zbynovsky propose des sculptures où il revient à la pierre et au verre d’incarner la tension constante qui anime cette problématique contemporaine, au plus haut point artistique. La démarche du sculpteur consiste à choisir le verre optique pour illuminer la pierre d’une proche clarté, et, par lui, permettre — dans la lignée de siècles d’investigations savantes — la connaissance de la matière, du phénomène lumineux et d’un certain horizon du monde qu’on voit se profiler en de telles œuvres d’art... »
Entre art et contemplation